L’Afrique du Sud depuis quelques années se trouve régulièrement en proie à des montées de violences orientées vers les immigrés africains. Au-delà des nécessaires indignations, il importe surtout de s’intéresser à la racine du mal en questionnant l’idéologie de la nation dite « arc-en-ciel ».
1. Rappelons d’abord un fait essentiel: les Boers racistes ( pléonasme) ont libéré Mandela au début des années quatre-vingt-dix, non par compassion humaniste mais plutôt parce qu’ils savaient impossible le maintient du régime raciste de l’apartheid. Ne s’offraient alors à eux que deux possibilités: voir la majorité africaine prendre le pouvoir par la force et donc tout confisquer ou alors, négocier une transition en douceur et la conservation de leurs privilèges économiques via un accord avec Mandela.
2. Le concept publicitaire de « réconciliation » ou encore de « nation-arc-en ciel » relève de la plus grande fumisterie politico-publicitaire en cours en Afrique du Sud.
Cette imposture digne des studios d’Hollywood et tant plébiscitée par l’Occident n’a que pour unique but que de nous empêcher de revendiquer intégralement ce qui nous revient de droit.
Mais à l’image des lois immuables de la nature, la réalité finit toujours par reprendre ses droits. Que ce soit sous Obama ( lui qui pendant sa campagne nous annonçait l’avènement d’une nouvelle ère post-racial...) avec la multiplication, sans précédent en volume, de bavures raciales ou encore aujourd’hui en Afrique du Sud, il y a des lois en série qui nous ramènent à plus d’humilité...
3. Pas de réconciliation sans justice sociale. A ce titre, l’ANC a trahit. L’ANC n’est plus qu’une machine bureaucratique, un mammouth administratif uniquement source de revenus pour tout ceux qui l’intègrent.
En tombant dans le piège néolibéral, l’Afrique du Sud a encouragé le dumping social et les appels d’airs pour une main d’œuvre toujours plus corvéable et peu coûteuse.
L’intelligence a quitté ce parti. Il n’y a plus de vision pour une Afrique souveraine.
4. On ne peut au mieux comprendre cette crise sans en dénoncer les responsabilités de feu Mandela, notamment son fameux deal accepté avec l’ancien président Boer De Clerck : démantèlement du programme nucléaire déjà bien avancé et non nationalisation des entreprises de minerais.
Pourtant, jamais les occidentaux n’ont été capable au moment de leur processus révolutionnaire de pactiser avec leurs oppresseurs. La Révolution française et l’épisode vendéen ( extermination de masses des contre révolutionnaires pro royalistes) et de façon plus globale les purges sous Robespierre l’attestent. Ou encore la férocité des bolcheviques a l’égard des tsaristes.
Mais il n’y a que chez les africains que l’ont peut croire en une réconciliation avec l’opporesseur d’hier, qui en plus maintient ses positions avantageuses. Et si cela a pu être rendu possible, c’est avant tout via la responsabilité d’un Nelson Mandela, quelque soit le respect que l’on peut porter à sa lutte .
5. L’indignation du gouvernement congolais ou du Nigeria se veut l’exact similarité de ce qu’ils dénoncent. S’en prendre en retour aux intérêts sud africain ne fait qu’alimenter un cycle de violence.
N’eut-il pas été par exemple plus pertinent pour les africains du continent de s’unir pour condamner d’une seule et même voix les positions dominantes de la minorité blanche en Afrique du Sud. Comment ne pas regretter le silence ahurdissant d’une majorité de responsables politiques africains sur cette minorité blanche, aussi sûr d’elle-même et dégoulinant d’arrogance en plein sol continental africain.
6. Dans cette affaire, le vrai courage consiste à dénoncer en bloc: la mainmise des blancs sur l’économie, la trahison de la bourgeoisie noire, la cupidité d’une partie des sud africains qui incapable de s’en prendre à la racine Boer du problème préfèrent lâchement cibler la conséquence africaine du problème.
7. Pour toutes ces raisons, l’ANC tout autant que les autorités traditionnelles qui ont une lourde responsabilité dans ce problème, se trouvent disqualifiés. Il est désormais temps de passer à l’étape numéro deux de la libération sud africaine. Julius Malema en rappelant que « QUE VOUS SOYEZ D’AFRIQUE DU SUD, DU ZIMBABWE OU DU NIGÉRIA, L’AFRIQUE DU SUD C’EST CHEZ VOUS » semble incarner la seule lueur d’espoir dans ce pays.
Mohamed Lamine KABA
Sociologue des Organisations